top of page

« IL FAUT AVOIR FOI EN CE QUE L’ON FAIT » : LE MAIRE DE BEAUJEU REVIENT SUR LES DIFFICULTÉS D’ÊTRE M

Sylvain Sotton est maire (Divers Droite) de la commune de Beaujeu, situé dans le département du Rhône (69) et vice-président de la Communauté des Communes Saône Beaujolais. Élu en 2008, il brigue un troisième mandat lors des élections municipales de 2020. Il revient sur la difficulté de la fonction de maire, fort de son expérience de Premier Administré de Beaujeu, capitale historique du Beaujolais.


Comment êtes-vous devenu maire et quelles sont les premières difficultés auxquelles vous avait fait face ?


"J’étais au départ chargé de mission dans un comité départemental qui s’occupait de l’habitat. Puis je suis revenu habiter, à la fin de mes études, dans la commune, et je me suis beaucoup impliqué dans la vie associative. Et après on m’a demandé de rentrer au conseil en tant qu’adjoint et après comme premier adjoint et après comme maire. Je le suis depuis 2008. Et je suis élu depuis 1995, à l’époque comme adjoint. J’avais monté une société à Beaujeu, de maitrise d’oeuvre pour être plus disponible. Au bout d’un an de mandat, j’ai été obligé d’arrêter parce que je ne pouvais pas renouveler ma clientèle et j’allais être déficitaire sur l’année d’après. Moi je passe plus de 50 heures par semaine dans le rôle de maire, donc à côté, ce n’est pas facile de gérer quand on a une profession libérale, c’est pas possible. Dès fois, c’est 60 heures par semaine, ça dépend…même si ce n’est que des inaugurations le week-end ou des choses comme ça, c’est vrai que ça empiète, en plus, beaucoup sur la vie personnelle."


La fonction de maire endosse un grand nombre de responsabilités : il faut devenir expert sur tout ce qui touche la commune ?


"Oui, et surtout, on a de plus en plus de compétences à avoir et c’est là la réelle difficulté. Il faut être compétent en urbanisme, il faut être compétent en voirie, … On est obligés d’arbitrer tout ça. Il faut être de plus en plus compétent en droit, avoir une approche de conciliateur dans les relations avec les administrés. C’est les fonctions multiples et variées et on est l’interface de tous les sujets qui peuvent arriver sur une commune. On a une vie au niveau des communautés de communes qui s’intensifie, donc de plus en plus de déplacements externes…Avant, on était beaucoup centrés sur sa commune, maintenant c’est la moitié de son temps à l’extérieur avec des réunions qui sont supra-communales.

Toutes ces compétences, ce sont des responsabilité juridiques. Et si on y pense, il faut tout de suite arrêter. Il faut être un peu inconscient et avancer, mais c’est vrai que si on regarde tous les risques qu’on a….Dès que l’on fait quelque chose, on se retrouve dans une situation de risque. C’est vrai qu’il ne faut surtout pas y penser et avoir foi en ce que l’on fait et essayer de faire au mieux dans sa commune."


Vous évoquiez les communautés de communes. Au premier trimestre 2020, le Gouvernement promet une loi des « 3D », Décentralisation, Différenciation, Déconcentration. Qu’en attendez-vous ?


"On est toujours toujours très circonspects, on a tellement entendu des choses et puis vu arriver le contraire que tant que ce n’est pas acté, on attend de voir.

En France, il y a eu un grand mouvement de décentralisation puis après il y a eu un gros mouvement de recentralisation, je trouve. Par exemple, sur beaucoup de compétences, nous sommes tellement encadrés que si sur le papier on a les compétences, dans les faits, on ne l’a pas tellement. Tout le monde intervient tellement que les marges de libertés se sont beaucoup réduites. Maintenant, c’est vrai qu’on appelle à des mouvements de décentralisation, enfin c’est cette loi des trois « D » qui va peut-être prendre en compte la disparition des territoires…Au lieu d’avoir une loi qui s’applique d’en haut et qui ne s’applique pas dans notre territoire, on pourrait avoir un peu plus d’autonomie pour faire valoir les caractéristiques plus spécifiques.

Dans cette politique de décentralisation et recentralisation, on a la difficulté, en tant que maire, d’avoir à composer avec les communautés de commune. Elles ont tellement grossis ces intercommunalités. Et c’est vrai que les maires des petites communes rurales ont beaucoup plus de mal à faire entendre leurs voix. L’intercommunalité a fait quand même du mal au développement local."


Un article de Benjamin Noël


bottom of page