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ISLE D’ABEAU : LES HABITANTS SE MOBILISENT CONTRE LA FERMETURE D’UN CENTRE MÉDICAL POUR ENFANTS

Le pôle pédopsychiatrie de l’hôpital Pierre Oudot, situé à Bourgoin-Jallieu, a annoncé il y a un an la fermeture du centre médical pour enfants et adolescents de l’Isle d’Abeau. Une centralisation des services qui inquiète des habitants signataires d’une pétition contre cette décision, accusant le groupe hospitalier de coupes budgétaires.

À l’Isle d’Abeau, dans l’antenne médicale recevant des enfants et adolescents souffrant de difficultés psychologiques, l’ambiance est morose. Le pôle pédopsychiatrie de l’hôpital Pierre Oudot à Bourgoin-Jallieu, dont dépend le Centre Médico Psychologique pour Enfants et Adolescents (CMPEA), a annoncé sa fermeture pour réaliser une centralisation des services. Le centre médical de Villefontaine rassemblera celui de l’Isle d’Abeau à la suite de travaux d’agrandissements qui viennent de commencer. Hormis quelques informations générales, le pôle pédopsychiatrie n’est pas entré dans les détails. « Pour le moment, on ne sait pas vraiment toutes les informations... » regrette la secrétaire de l’antenne de l’Isle d’Abeau se retrouvant au même niveau d’information que les habitants. « On essaie, en attendant, de faire passer le message à nos patients ». Seule la secrétaire est apte à nous répondre : les médecins et personnels du corps médical ont un devoir de réserve et ne peuvent s’exprimer concernant cette annonce. « La situation est assez difficile pour nous...d’autant plus qu’il y a beaucoup de patients concernés par ce changement ».

Une annonce qui concerne beaucoup de monde puisque la commune, recensant 17 000 habitants, fait partie de l’une des villes françaises les plus jeunes de France : environ 40% de la population sont des enfants et adolescents. Pour répondre de manière efficace à un niveau local, le GHND (Groupement Hospitalier du Nord Dauphiné) a réparti des centres partout dans le Nord- Isère. Les parents ayant des enfants présentant des difficultés émotionnelles, relationnelles, ou de nature psychologique peuvent ainsi, non loin de leurs domiciles, consulter des spécialistes. Entre médecins pédopsychiatre et assistance à la famille, les activités du personnel dépassent les murs du centre... Dans les écoles municipales, des psychologues scolaires sont présents au côté des enseignants.

C’est justement via un psychologue scolaire que Philippe Perret, un habitant de la commune, a appris la nouvelle. « Il nous a avertis lorsque nous étions réunis avec d’autres parents : le centre va fermer et tout va être rassemblé... » Tête de file des parents d’élèves d’une école de l’Isle d’Abeau, le lillot Philippe Perret décide alors de lancer le lundi 8 avril une pétition sur change.org. Il dénonce une décentralisation des services médicaux proposés par le GHND qui engendrerait pour des enfants et adolescents l’arrêt de leurs suivis dû à l’éloignement. « Beaucoup des patients ont leurs parents qui ne sont soit pas véhiculés soit dont la distance engendre un déplacement plus important qu’il faut prendre en compte... ».

Coupe budgétaire ou vraie volonté de synergie ?

Quelle est la raison de la fermeture de ce centre ? Pour Philippe Perret, il n’y a aucun doute : « On rassemble les centres pour faire des économies. Un service local, ça coute cher. » Dans l’espoir que cette décision s’annule, la pétition qu’il a crée est adressée à trois destinataires : l’Agence Régionale de Santé (ARS) de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez et le GHND.

Selon Adèle Wudtawee, chargée de communication de la direction du GHND, l’hôpital se dit « prêt à rencontrer chaque parent inquiet de la situation pour s’expliquer ». Pas d’inquiétude à avoir selon elle : cette centralisation n’est pas dû à une coupe budgétaire mais dans l’optique d’une amélioration des services. Le personnel entier est gardé et la transition se fera dans la continuité, d’ici le mois de septembre. Les travaux sont sur le point de commencer, « maintenant que les bails sont signés » se réjouit Adèle Wudtawee. « Le nouveau centre va rassembler tous les services pour une meilleure prise en charge des patients ».

La direction du GHND réfute l’idée d’un éloignement important qui obligerait les parents à ne plus pouvoir assurer à leurs enfants un suivi médical : « le nouveau centre, pour les habitants de l’Isle d’Abeau, n’est qu’à 9 kilomètres supplémentaire ! » s’exclame la chargée de communication. Du côté du personnel, aucun impact négatif semble à prévoir si ce n’est que des réaffectations sont prévues.

« On sait très bien que dans cette réorganisation, il va y avoir quelques pertes de postes ! » réagit le syndicat SUD Santé Sociaux. Pour eux, la fermeture de ce centre s’ancre dans une politique beaucoup plus large que le plan local : « Depuis les lois où on veut réorganiser le territoire et les hôpitaux dans un objectif de mutualisation, ils sont incités à faire des fusions ». Du côté du personnel, le syndicat rejoint l’avis de Philippe Perret : les familles risquent bien d’arrêter les suivis médicaux à cause de l’éloignement. « Lors de la fermeture du centre de la Verpillière, en juin 2018, on a perdu 45% de nos patients. »

Cette fusion s’annonce difficile pour les équipes médicales : « cela n’a rien à voir de travailler entre 7-8 collègues qu’avec 18 autres personnes où tout est mélangé et fusionné... ».

Sur Internet, plus de 900 personnes ont signés la pétition à l’image de cette internaute regrettant la situation : « Trop de fermetures dans le milieu hospitalier, trop de réductions d’effectifs...». Le syndicat se réjouit de la pétition, espérant un éventuel retournement de situation de la part du GHND.

Un article de Benjamin Noël

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